La place des jeunes filles dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville a souvent été associée à celle des « jeunes des quartiers populaires ». Or il y a bien une différence entre la vie des jeunes hommes et des jeunes femmes dans les quartiers prioritaires.
Constatant une forte régression de la place des femmes dans ces territoires de la politique de la ville, le Conseil National des Villes a publié un avis à ce sujet en juin 2018, en affirmant que l’égalité entre les femmes et les hommes doit être portée par une volonté politique de l’ensemble des décideurs des contrats de ville et des concepteurs des projets sociaux et urbains. C’est en ce sens que le conseil a émis quelques propositions, afin de rééquilibrer le « Droit à la ville » pour tous mais surtout pour toutes.
En effet, les femmes rencontrent des difficultés à trouver leur place dans l’espace public. Elles sont confrontées à de nombreuses discriminations qui se manifestent dans l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la culture, aux lieux de vie.
En 2014, Yves Raibaud, géographe, a démontré dans son livre « La ville faite par et pour les hommes » que si le principe d’égalité entre les femmes et les hommes est bien proclamé, les terrains sportifs publics sont majoritairement conçus pour les garçons et les cours d’écoles sont généralement monopolisées par les jeux des garçons.
C’est le même bilan qu’a fait l’association Sport dans la ville, qui s’est aperçue qu’à partir de 12 ans, la proportion des jeunes filles sur les terrains sportifs de l’association diminuait de manière considérable, et qu’elles étaient de ce fait sous représentées au sein du programme d’insertion professionnelle Job dans la ville.
Face à ces constats, comment concilier des actions en faveur de la mixité et développer l’empowerment des jeunes filles ? Comment briser le plafond de verre tout en faisant collaborer les garçons dès leur plus jeune âge ?
Ce sont à ces questions que les programmes L dans la ville et Rêv’Elles Ton Potentiel, tentent de répondre avec pragmatisme et efficacité.
Ces programmes, portés par les associations Sport dans la Ville et Rêv’Elles, ont deux approches différentes : le premier agit davantage en faveur de la mixité, sur les terrains sportifs et au sein de la société, tandis que le second propose des actions spécifiques pour les jeunes filles afin de favoriser leur épanouissement tant personnel que professionnel.
Ces actions complémentaires permettent aux jeunes filles issues des quartiers prioritaires de la ville de devenir actrices de leur parcours et prendre la place qu’elles méritent dans la société.
Sport dans la ville a conçu le programme L dans la Ville pour donner aux jeunes filles la même chance de réussir. En proposant des activités ainsi qu’un encadrement dédié, les équipes du programme s’emploient à déconstruire les stéréotypes genrés dans le monde professionnel, encore trop ancrés dans notre société, et favoriser la mixité au sein des terrains sportifs.
Ce programme spécifique de l’association s’articule autour de trois actions principales : s’épanouir au cœur du quartier grâce au sport, s’émanciper du quartier avec le programme « Découverte » et réussir son intégration professionnelle. Ainsi, la dernière partie du programme, consacrée à l’insertion professionnelle, encourage les jeunes filles à s’affirmer avec des ateliers de confiance en soi, des prises de parole en public ainsi que des visites d’entreprises sur des secteurs traditionnellement considérés comme masculin.
Ces trois leviers d’insertion permettent aux jeunes filles d’avoir confiance en elles et en leur avenir, d’avoir une meilleure vision du rôle des femmes dans la société et d’assimiler le fait que les postes à responsabilité ne sont pas réservés qu’aux hommes. Les jeunes filles osent prendre la parole et défendre la mixité ainsi que la place des femmes dans la société.
Athina Marmorat, fondatrice de l’association Rêv’Elles, a constaté, pendant ses expériences de terrain en tant que consultante et formatrice en ingénierie pédagogique, que les jeunes filles issues des quartiers prioritaires rencontraient de réelles difficultés au cours de leur orientation : manque d’estime de soi et autocensure, manque de modèles identificatoires et difficultés à identifier leurs forces et à exprimer leurs rêves.
Afin de pallier ces manques et permettre à ces jeunes filles de se réaliser, l’association propose, à travers son programme Rêv’Elles Ton Potentiel, un accompagnement spécifique pour les jeunes filles issues des quartiers prioritaires afin de révéler leur potentiel et les aider à faire des choix en adéquation avec leurs rêves, leurs aspirations et leurs valeurs.
L’accompagnement des jeunes filles commence par un parcours de 5 jours, permettant à celles qui le suivent de reprendre confiance en elles et de se familiariser avec le monde de l’entreprise tout en rencontrant des modèles inspirants, qui les conseillent, les orientent et partagent leurs expériences. S’ensuit un accompagnement des jeunes filles d’une durée de 5 mois, composé de coachings individuels et collectifs, afin de construire leur projet professionnel et acquérir les outils pour le réaliser.
Les jeunes filles qui bénéficient de ce programme sont libérées des freins inhérents au manque de confiance en elles, à l’autocensure, aux préjugés et aux inégalités socio-culturelles. En effet, ces actions permettent de lutter contre trois inégalités souvent conjointes, inégalités socio-économiques, inégalités de genre et inégalités de territoires et d’accompagner les jeunes filles à s’autoriser des carrières professionnelles épanouissantes et ainsi dépasser les plafonds de verre sociaux.
L’association participe ainsi au changement du système pour que les générations actuelles et à venir soient complètement outillées, afin de créer elles-mêmes les forces motrices du changement social.
Pour suivre les aventures de ces jeunes filles, rendez-vous sur les sites des deux associations :
https://www.sportdanslaville.com/les-programmes/l-dans-la-ville