Selon l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (INJEP), les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville (QPV) regroupent 5,4 millions d’habitants dont 40% ont moins de 25 ans[1]. La population de ces territoires est donc particulièrement jeune, alors même que ce sont ces mêmes jeunes qui sont le plus touchés par le décrochage scolaire et les inégalités.
En 2020, l’Institut Montaigne publiait un premier rapport intitulé « Les quartiers pauvres ont un avenir » ayant pour objectif de déconstruire les stéréotypes liés aux QPV[2]. De ce premier travail est ressorti le constat selon lequel les changements doivent être centrés sur les habitants des quartiers et leur insertion économique et sociale, et non uniquement sur la construction ou la rénovation du bâti.
Ce premier rapport rappelle notamment les chiffres de l’Observatoire National de la Politique de la Ville : en QPV, le taux de chômage est 2,5 fois plus élevé que dans les autres quartiers.
Dans un tome 2 intitulé « L’avenir se joue dans les quartiers pauvres », l’Institut Montaigne, en partant des besoins exprimés par les habitants, propose 31 mesures concrètes pour transformer leur quotidien[3].
Sur le volet éducation et insertion professionnelle, le rapport soulève 3 obstacles principaux :
- Un dispositif global d’orientation qui ne répond pas suffisamment aux besoins des élèves
- Un déficit d’acculturation au monde professionnelle chez les jeunes candidats et les discriminations à l’embauche qui demeurent
- Une politique publique de l’emploi qui n’amène pas assez les entreprises à s’engager davantage en faveur du développement économique des quartiers et de l’insertion professionnelle des habitants
Pour remédier à ces constats, quatre solutions sont proposées :
- Dès l’enseignement secondaire, favoriser l’égalité des chances et refonder l’orientation en milieu scolaire
- Accroitre la mixité sociale au collège en instaurant des secteurs multi-collège
Initié par la Ville et l’académie de Paris depuis 2017, ce dispositif consiste à définir des secteurs communs à plusieurs collège dans le but de réduire la ségrégation sociale entre les collèges d’un même territoire.
En Haute Garonne, un autre dispositif innovant a été expérimenté pour améliorer la mixité sociale dans les collèges publics et privés du département. Ainsi, 1147 élèves ont quitté leur collège situé en zone d’éducation prioritaire pour rejoindre l’un des 11 établissements plus favorisés de l’agglomération de Toulouse[4].
Les résultats sont au rendez-vous puisque la première cohorte d’élèves qui a passé le Brevet en 2021 a permis d’augmenter le taux de réussite de 13 points !
- Refonder l’orientation scolaire en QPV
Une mauvaise orientation entraine des études difficiles, et ce particulièrement chez les jeunes qui ont un faible niveau d’étude. En effet, selon une enquête menée par l’Institut Montaigne auprès des 18-24 ans, 55% des jeunes de niveau d’études inférieur au bac et se disant mal orientés considèrent leurs études comme inutiles.
Persuadée que l’accompagnement dans le choix d’orientation est primordial, la Fondation Nexity soutien le Collectif Orientation qui réunit 8 organisations de terrain et d’expérience : Crée ton avenir, Ecoles de production, Entreprises pour la Cité, Fondation CGénial, Métiers 360, Rencontres Entreprises Ecoles, Rêv’Elles et Vers le Haut.
Ensemble, elles ont imaginé un parcours commun d’apprentissage à l’orientation pour les élèves de la 4ème à la Terminale. Ce programme complet comprend à la fois un enseignement pour apprendre aux jeunes à faire des choix et des ateliers pour leur ouvrir les horizons professionnels ainsi que les filières de formation.
- Le tutorat, une solution efficace pour l’orientation des jeunes
L’idée est de permettre à chaque jeune en QPV d’être accompagné de la 2Nde et jusqu’à son premier emploi, par un tuteur adulte en poste, pour l’aider à définir son projet professionnel.
Regroupées au sein du Collectif Mentorat depuis 2019, de nombreuses structures agissent en faveur du mentorat. Cette action collective a permis d’accompagner 100 000 jeunes en 2019-2021.
En effet, ce dispositif permet aux jeunes mentorés de mieux se connaitre, développer leur confiance en eux, leur motivation et leur autonomie.
- L’importance de l’acquisition des codes professionnels
Le rapport propose d’instaurer un module découverte du monde de l’entreprise en complément du stage effectué en 3ème afin de familiariser les élèves aux codes de l’entreprise, en intégrant notamment une présentation métier de la part de collaborateurs.
Fort de ces constats, la Fondation Nexity a conçu des aventures urbaines dans plusieurs villes pour permettre aux jeunes de s’immerger dans les métiers de l’immobilier à travers un jeu de piste et des échanges avec des collaborateurs Nexity. Développer les filières d’excellence en QPV
Le rapport propose d’ouvrir des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE) dans des lycées QPV afin de déconstruire les représentations autour de ces filières dites sélectives. Le travail de certaines associations comme Graine d’Orateur 93, association créée par des élèves de Science Po qui forme des jeunes à l’art oratoire, participe à ce mouvement de déconstruction des stéréotypes.
- Elargir le champ des secteurs concernés par les clauses sociales des marchés publics
La clause sociale d’insertion est un dispositif qui oblige les entreprises répondant à l’appel d’offre ont l’obligation de faire appel à des personnes en insertion professionnelle, à savoir demandeurs d’emploi de longue durée, travailleurs handicapés, jeunes de moins de 26 ans, demandeurs d’emploi de plus de 50 ans, etc…
Aujourd’hui, les clauses sociales d’insertion concernent un nombre restreint de secteurs, tels que le bâtiment et les travaux publics. Selon le rapport, l’élargissement à d’autres secteurs et sa simplification dans la mise en œuvre est une nécessité.
- Renforcer le lien entre les entreprises et les quartiers pauvres
Le rapport propose d’inclure dans la stratégie extra financière des entreprises des actions en faveur des quartiers défavorisés (développement économique, insertion professionnelle des habitants, tutorat), en insistant sur le renfort du lien indéfectible entre l’action des entreprises et le territoire sur lequel elles œuvrent.
- Combattre efficacement les discriminations à l’embauche
Dans une étude publiée en 2015[5], des chercheurs ont affirmé que « les candidats des villes défavorisées ont 7,3% de chances d’accéder à un entretien, tandis que les chances des candidats des villes favorisées sont de 11,8% ».
Pour faire face à ce déséquilibre et sur la base de données déjà disponibles, il est proposé de mesurer la diversité des entreprises, collectivités publiques, Etat et hôpitaux à l’échelle de leur branche professionnelle.
Ces différents constats font écho aux actions mises en place par la Fondation Nexity depuis sa création en faveur de l’égalité des chances.
A la Fondation Nexity, nous sommes convaincus que ces jeunes, qui se retrouvent souvent dans une filière qu’ils n’ont pas choisi, ont un vrai potentiel. Ils ont juste besoin d’un coup de pouce pour reprendre confiance en eux et en leur avenir grâce à des actions qui favorisent la rencontre avec l’entreprise et le développement des softskills, les compétences dites souples.
Ainsi, afin de créer ce fameux pont entre le milieu scolaire et le monde de l’entreprise, la Fondation Nexity organise des programmes adaptés à destination des jeunes issus des QPV ou de milieux modestes afin d’ouvrir les horizons et favoriser les échanges.
Par exemple, en mai 2022, 11 jeunes de l’école de la 2ème chance ont été accueillis dans les locaux de Nexity à Marseille pour une expérience immersive dans le but de leur faire découvrir les métiers de l’immobilier et les aider à construire leur projet professionnel. En effet, élargir son champ d’orientation en allant à l’encontre de l’entreprise et de ses collaborateurs est essentiel pour ces jeunes sans emploi ni formation.
Ces journées, organisées de manière régulière avec la Cité, permettent de remobiliser des jeunes sortis du système scolaire et de leur faire découvrir de nouveaux secteurs d’activité, grâce à plusieurs temps forts : une présentation métiers par des collaborateurs Nexity, des temps d’échanges entre les collaborateurs et les jeunes, une visite d’un chantier en construction. Ainsi, les jeunes découvrent toutes les facettes de l’immobilier, allant de la conception des programmes à la gestion de biens.
Découvrez cette belle aventure en images :
[1] https://injep.fr/wp-content/uploads/2021/03/FR54_JeunesQPV.pdf
[2] http://www.institutmontaigne.org/ressources/pdfs/publications/les-quartiers-pauvres-ont-un-avenir-resume.pdf
[3] https://www.institutmontaigne.org/publications/lavenir-se-joue-dans-les-quartiers-pauvres#faq17379_1
[4] https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/mixite-sociale-au-college-quel-bilan-apres-4-ans-d-experimentation-en-haute-garonne-2282665.html
[5] Petit, P., Duguet, E. & L’Horty, Y. (2015). Discrimination résidentielle et origine ethnique : une étude expérimentale sur les serveurs en Île-de-France. Économie & prévision, 206-207, 55-69.